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ACAI   Association Comtoise d'Auteurs, Indépendante

Je n'étais pas...

          Il s'agit d'un roman autobiographique romancé, une autofiction, car on ne peut pas tout dire dans un roman. On a tous nos fantômes, nos secrets. Il effleure les peurs et les doutes d'une femme de 40 ans en pleine crise existentielle.

         Jeanne a 39 ans, un mari, deux enfants, une famille aimante, pourtant… Elle va mal. La crise de la quarantaine ou, tout à fait autre chose…


Le livre contient 218 pages. Je suis mon propre éditeur (autoédition).

Son prix est de 16 euros. On peut se le procurer à mon adresse personnelle.


On se livre un peu dans chacun des textes que l’on écrit, mais celui-ci à quelque chose de plus profond, de presque palpable.

Un jour, pas si lointain, quelqu’un m’a dit ; « Tu devrais aller voir un psy. », je l’ai regardé et je lui ai dit ; « Le psy c’est moi. »

C’est la feuille de papier qui est devant moi. Je me confie à elle. Mes craintes, mes doutes m’apparaissent moins insurmontables quand ils s’étalent en lettres noires sur le papier blanc.

Le Docteur, vous aller le voir plusieurs fois. Plusieurs séances sont nécessaires et il en aura besoin d’un certain nombre pour cerner le problème. Plusieurs pages sont nécessaires et il faut un certain nombre de chapitres et de paragraphes pour comprendre l’histoire.

L’histoire brute, le pavé sur le coin du bureau, peuvent être lourds, mais si on en a lu quelques passages avant de s’y attaquer l’approche doit être différente.

Se confier par petits bouts. Pouvoir y revenir. Placer la phrase qui changera tout. Le mot qui manque.

Je crois que c’est ça qui me pousse à venir vers vous. Cette possibilité de ne pas tout divulguer d’un seul coup. Comme chez le psy, par petits bouts.

                                                            ***

La porte de l’ascenseur s’ouvrit sur un long couloir où seules les veilleuses trompaient le silence. Une femme entre deux âges, usée, aux cheveux déjà gris, au regard vide, vêtue d’une blouse bleu-marine, poussait un chariot. A dix-neuf heures il n’y avait plus personne dans cette enfilade de bureaux, plus chics les uns que les autres. Les notables rentraient à la maison à dix-huit heures. Un médecin, un psy, un notaire, j’en passe et des meilleurs. Seules les femmes de ménage arpentaient les étages. 

                                                            ***

La crise de la quarantaine ça existe. La première ride. Le premier cheveu blanc. Les enfants qui grandissent. Le fossé qui se creuse. Votre conjoint. Vous. Il manque un truc. Alors on se retourne. On regarde la vie. On repense à ce qu’on en attendait, et qu’est-ce qu’on en a fait ? Qu’est-ce qui s’est passé ? A quel moment ça a merdé ? Et si au final on le savait. Et si on venait de comprendre. La baffe dans la gueule il faudrait se la prendre avant d’avoir fait la connerie.

Jeanne a 39 ans, un travail ingrat, des traites à payer. Un mari qui ne la regarde plus, mais auquel elle n’a rien à reprocher. Des gosses supers et en bonne santé, et pourtant…

Je me suis moi aussi posée la question. Comment peut-on se sentir seule lorsque l’on a un mari, une famille ? Je cherche encore la réponse. Un psy ! On me l’a déjà suggéré. Je n’ai pas envie d’aller voir un psy. Je serai mon propre psy. Vous saurez m’écouter, me lire.

Pourtant, elle est en danger et personne ne peut l’aider. Elle ne peut pas rattraper le temps. Rebrousser chemin. Elle est au bord du fossé. Va-t-elle tomber ? Rester là. Ça va bien finir par s’arrêter.

Jeanne s’est assise là. Elle a regardé derrière elle. Elle sait. Il est peut-être temps de sauter pour voir ce qui va se passer. Mais à quoi pourra-t-elle se raccrocher si ça tourne mal ? Ce serait tellement plus facile si tout allait de travers. Elle aurait des circonstances atténuantes. C’est peut-être ça le problème, l’alibi.

Pourquoi as-tu fais ça ? Je ne comprends pas. Tu n’avais aucune raison de faire ça. Le cœur a ses raisons que la raison ignore.

Pourquoi est-ce qu’il pleut ? Parce qu’il ne fait pas beau. Pourquoi est-ce que tu vas mal ? Parce que je ne vais pas bien.

Jeanne se relève. Elle fait un pas en avant, son pied ripe. Elle fait deux pas en arrière, un caillou dégringole jusqu’au fond du trou. Elle ne peut pas rester là éternellement.

Le caillou n’a pas fait de bruit. Ce n’est peut-être pas si mal au fond de ce trou.

                                                            ***

 -          Je me sens seule docteur. Comment peut-on se sentir seule lorsque l’on a une famille ?

-           Vous avez des enfants ?

-           Oui, deux, des garçons, un de quinze et un de dix ans.

-           Et avec votre mari ? Pas de problème particulier ?

-           Il m’aime.

-           Et vous ?

La question resta en suspens.

La sonnerie du téléphone la ramena. Son regard tomba sur le combiné et elle s’empara de son chiffon. Elle était là pour faire le ménage. Oter la poussière, passer l’aspirateur et fermer les stores. Elle avait déjà donné.

La sonnerie céda au répondeur. « Hannah White, docteur en psychanalyse. »

Elle avait la voix si douce. Rassurante.

-           Je viens de comprendre, prononça soudain une autre voix, que ce qu’elle faisait avec moi, elle le faisait avec d’autres.

Un souffle court…

Jeanne resta accrochée à cette respiration haletante.

-           A quoi est-ce que je m’attendais au juste ?

Sa main se mis à trembler.

Prendre le combiné. Elle n’en avait pas le droit. Elle était femme de ménage. Elle avait passé son tour.

-           Mais ça m’a fait mal quand même. Je crois que… enfin, je ne sais pas. C’est quoi l’amour au juste ?

L’amour ? C’était quoi ?

Aimer c’était, beau. C’était fort. Elle devait le lui dire. Décrocher. Aimer c’était le moteur de la vie. Sans amour la vie…

-           J’ai eu tort. Pardon.

-           Non, murmura-t-elle en portant le téléphone à son oreille.

Il avait raccroché. 

                                     ***

Il leva les yeux vers l’immeuble. Balaya du regard les fenêtres qui étaient encore allumées. Respira profondément. Elle n’était plus là déjà, sinon, n’aurait-elle pas décroché ? C’était mieux ainsi. Il était grand. Il avait survécu jusque-là sans elle. Tout le monde avait ses problèmes, mais tous ne faisaient pas appel à un psy pour les résoudre, et puis d’ailleurs… C’était quoi un psy ? Quelqu’un qui écoute, mais n’entend pas. Qui regarde, mais ne voit rien. Quelqu’un que l’on paie…      

                                     ***

Elle poussa la barrière en bois blanc et pénétra sur le carré de pelouse. Deux mètres devant, trois derrière, une terrasse, un barbecue, juste de quoi faire le tour de chaque côté. C’était son homme qui avait voulu ça. Elle, elle se serait sentie tout aussi bien dans un appartement avec balcon. Moins de frais, pas d’entretien et quelques économies au fond d’un tiroir. Une semaine de vacance par-ci, un week-end par-là, de belles robes, un nouveau manteau, une jolie coupe de cheveux, la vie quoi.

                                     ***

A l’époque elle doutait déjà.

La première fois qu’elle avait mis les pieds au centre social c’était pour accompagner Marion.

La gamine s’était faite violée et elle s’était retrouvée enceinte. Elle avait trop honte pour en parler à sa mère, elle ne comprendrait pas de toute façon, Jeanne avait compris et c’est jusqu’au bout qu’elle avait accompagné la gosse.

-           Tu ne voudrais pas nous apporter ton aide Jeanne ? avait demandé Léona. On est jamais assez et avec la môme t’as vraiment assuré.

-           C’est une gosse de mon quartier. Je ne pouvais pas la laisser ainsi.

-           C’est bien ce que je te dis.

-           Je ne suis pas à ma place ici.

-           Et pourquoi je te prie ?

-           Je n’ai aucun bagage.

-           Et alors !

Elle doutait, mais c’était Hannah qui n’avait pas trouvé les mots.  

 ***

Elle ouvrit la porte et fût submergée. Tout était blanc. Impersonnel. Tout ce blanc partout. Des nuances de blanc. Elle déposa son sac dans l’entrée, la porte se referma en douceur, soucieuse de ne pas troubler les lieux. Les fauteuils, les meubles, la table, même les murs étaient blancs.

Une toux discrète la ramena et elle se sentit aussitôt coupable.

-           Je peux vous aider, entendit-elle comme elle n’avait pas bougé.

Hannah lui avait dit qu’il n’y aurait personne.

-           Je… bredouilla-t-elle en se retournant.

Il s’agissait d’un jeune homme.

Il était presque nu, une serviette était nouée autour de sa taille. Il avait les cheveux humides, en pétard. Il se tenait immobile à côté d’un immense piano blanc. Son fils ! Son amant ! Une femme telle qu’Hannah ne devait pas manquer de prétendants, même très jeunes.

-           Je ramène une robe, dit-elle en lui montrant la housse plastique.

-           Il y a du progrès. Plus jeune. Plus jolie aussi. Ma mère s’est enfin décidée à engager une femme à tout faire qui n’ait pas déjà un pied dans la tombe.

-           Je ne suis pas…

Qu’était-elle d’autre ?

-           Pardon ! Vous lui rendez simplement service, je n’avais pas saisi la nuance, continua-t-il en se dirigeant vers le bar. Ma mère a toujours eu besoin de larbins, veuillez pardonnez ma maladresse.

Jeanne fulminait.

-           Je vous offre un verre, reprit-il en s’emparant d’une bouteille de gin.

-           Je dépose la robe et je pars, dit-elle en tentant de retrouver son calme.

-           Un café alors !

-           Non merci, dit-elle comme elle cherchait quoi faire de son encombrant paquet.

-           Vous n’allez pas me laisser boire tout seul, dit-il en préparant une tasse à expresso, puis il se ravisa. Vous préférez peut-être un cappuccino ?

-           Rien. Merci.

Il ignora sa requête, puis il la rejoignit.

            Il la débarrassa de la robe et lui tendit une tasse comme la housse atterrissait sur le dossier d’un fauteuil. Glissait et échouait par terre.

            Jeanne eut un soubresaut, la ramasser, puis elle se ravisa.

                                                                        ***

            Ce n’était pas bon tout ça. Se replonger dans son passé n’était pas ce qu’il y avait de mieux à faire, surtout en ce moment, elle était déjà si mal.

            Dehors il faisait gris. C’était un de ces matins d’hiver où tout semble pris au piège par la grisaille, le premier, à la mi-octobre ça faisait de bonne heure.

            Jeanne attrapa un bus. Il était encore un peu tôt. Elle traînerait du côté des boutiques, il y avait sans doute eu du changement depuis le temps, ça l’occuperait en attendant l’heure. Mais, est-ce que c’était bien raisonnable ?

            Traîner les rues sales, où virevoltaient des papiers gras, où les caniveaux déversaient leur puanteur sur la chaussée, ne serait pas le meilleur des remèdes. Elle risquait de faire un saut de 17 ans en arrière.

            Trois jeunes gens, trois garçons, la dépassèrent en riant. L’un était brun, le fameux brun ténébreux. Le second avait les cheveux un peu longs, plutôt châtains. Le troisième ; il se retourna sur elle.

            Il était blond aux yeux bleus. Il la regarda un instant, ce qui la mit très mal à l’aise, sans doute se demandait-il ce qu’une ménagère foutait dans ce quartier, y n’empêche. Il lui décocha un sourire à tomber par terre.

            Il ne devait pas avoir de problèmes de cœur celui-là. Elle aurait voulu lui dire. Quoi ? Qu’il n’avait pas le droit de rire ainsi. Qu’il y en avait qui souffrait. Tant mieux s’il était heureux, mais qu’il le garde pour lui. Elle se ravisa en tentant de faire taire sa colère et soutint son regard. Ce genre de garçon qui devait en soulever des filles, elle détestait ce genre de garçon trop sûr de lui. Séduire des vieilles en mal d’amour, elle n’était pas de ces femmes là.

            Il lâcha prise. Se mit à rire de plus belle et remonta la rue avec ses potes comme la pluie se remit à tomber.

            Jeanne scruta alentour. Un bistro, n’importe lequel, un endroit pour s’abriter le temps de l’averse. Il y en avait un tout près. Elle en prit la direction.

            Elle poussa la porte. Le grelot fit un bruit de vieille casserole. Elle aurait dû renoncer, l’endroit n’était pas pour elle. Elle entra. Il l’était plus que Le Kafféhauff de la Rue Blanche.

Deux hommes étaient accoudés au bar devant un bock à moitié vide. Le barman était imposant, un mégot pendait à sa bouche. La salle sentait, le vieux grenier. Un vieux blues tournait sur la platine.

Jeanne choisit une des tables situées derrière la vitrine. Ota son imperméable et s’installa dos à la rue.

                                                            ***

Il régnait un silence de mort au dehors, la pluie, cette malaimée, avait rendu les gens à leurs murs. Il régnait un silence aussi grand au-dedans, la musique venait de lui céder.

Le grelot tinta à nouveau. Jeanne releva le nez comme la pendule publicitaire jaune et bleue accrochée derrière le bar lui indiquait qu’il était temps, elle le vit. Le fils d’Hannah.

Que faisait-il là ? Il était bien trop loin de chez lui. Elle fit appel à qui de droit, mais il ne l’entendit pas, où ne l’écouta pas.

-           Jeanne ! Quelle surprise !

Il se dirigea vers elle.

-           Qu’est-ce que vous faites là ? Ce n’est pas un endroit pour une Dame, continua-t-il en tirant une chaise.

-           Ce n’est pas non plus un endroit où l’on s’attend à vous rencontrer. Quoi que… termina-t-elle devant son allure.

Il n’avait vraiment rien d’une gosse de riche en cet instant.

Il portait une veste de treillis sur un sweat à capuche et un jeans trop grand pour lui.

                                                            ***

Elle quitta le boulevard pour la Rue Blanche. Le Kafféhauff. Elle avait envie d’aller prendre un cappuccino. Un vrai avec une onctueuse crème fouettée et elle commanderait même des petits fours.

                                                            ***

Elle se faufila entre deux tables, en avisa une située derrière une colonne, se faire oublier, et s’installa.

                                                            ***

Elle n’allait pas se lécher les doigts tout de même, elle avait déjà léché la cuillère. Elle léchait toujours la cuillère, et d’autant plus quand elle avait mangé de la chantilly avec.

Elle leva les yeux. Elle avait bien fait de venir. Ça faisait du bien de se laisser aller. De céder à ses envies quelque fois.

Son regard rencontra le profil d’un garçon. Il avait un chapeau sur la tête et il portait un caban sur un tee-shirt à capuche. Son cœur se mit à battre à tout rompre. Il était là, trois tables les séparaient, trop près. Evidemment en venant ici. Il fallait qu’elle parte avant qu’il ne la voie.

Il se tourna vers elle. Avait-il sentit son regard ? Il avait de grands yeux d’un bleu crépusculaire. Ce n’était pas ses yeux. Les siens étaient plus clairs. Ce n’était pas ses traits même s’ils étaient tout aussi délicats. Ce n’était pas… Léandre. Elle soupira.

Le garçon fouilla l’autre poche d’une main tremblante et en extirpa un feuillet chiffonné, usé d’avoir été trop lu. Une lettre, qu’il relut.

Jeanne vit son regard s’assombrir davantage. Un tel regard. Elle n’en avait rencontré qu’un seul jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi ? Pourquoi fallait-il qu’elle repense à lui ? Le présent était déjà bien assez compliqué. Pourquoi fallait-il toujours ? Quoi qu’elle fasse. Rien ne se passait simplement ces temps-ci. Son passé qui la rattrapait. Son présent qui la poussait à se compromettre. Hannah. Tout était lié à Hannah. Elle n’aurait jamais dû accepter. Pourquoi avait-il fallut que son patron l’affecte au bureau d’Hannah ? Elle devait partir. Il fallait qu’elle parte.

***

A jour frisant

sera disponible en librairie à compter du 10 septembre 2013 au prix de 13.50 euros

aux Editions Gunten

mais vous pouvez d’ores et déjà le réserver auprès de mon éditeur

(le chèque de réservation ne sera encaissé que le jour de l’envoi de l’ouvrage)

Editions Gunten

9 Rue de la Monnaie

39100 DOLE

Vous le recevrez chez vous dédicacé

(préciser si vous voulez qu’il soit dédicacé lors de la commande)

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N’hésitez pas à me contacter pour plus de précisions, je me ferai un plaisir de vous envoyer le bon de commande.


  

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