[creation site internet] [creation site web] [logiciel creation site] [Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]
[Accueil]

ACAI   Association Comtoise d'Auteurs, Indépendante

Une âme grise

       Déjà, comme des lames de guillotines, les rideaux  des  petites  échoppes  chutent aux basques des  derniers  clients  attardés, les  encourageant à presser le pas. Des concierges grognons encombrent les trottoirs de poubelles ternes, malodorantes, aux lèvres gloutonnes entrouvertes prêtes à dégobiller un surplus d'aliments insupportable à leurs estomacs gavés. Un taxi rentre à vide, rapidement, en direction de la gare où le train de vingt heures trente déversera, dans quelques minutes, son gagne-pain sur les quais.Les dernières voitures, impatientes de rejoindre leur garage, piaffent comme des chevaux prêts à bondir de leurs stalles en regardant, fébrilement, le starter à feu rouge qui lancera la course. Contrevents et portes claquent et se verrouillent, ne laissant filtrer qu'une faible lumière, qui veille sur le foyer à l'instar de celle qui protège le tabernacle d'une église. Rapidement, la nuit tire ses draps de suie au-dessus de la ville et impose, sans qu'il soit besoin d'un couvre-feu, un premier silence propice au repos. Les lampadaires, aux fûts élancés comme des cous de girafe, s'allument. La lumière jaunâtre émise par les lampes à vapeur de sodium se tamise au travers d'une brume naissante, donnant à la rue un aspect maladif d'hépatique. Les ombres furtives de retardataires laborieux de tout poil se croisent dans une profonde indifférence ; quelques oiseaux de nuit, se rendent au spectacle, avant de souper entre bobos dans l'une de ces brasseries ouvertes jusqu'aux aurores.

Auto-édition      Achat : sur commande chez l'auteur. Coût : 18 euros, frais de port inclus.


                                    Brut de décoffrage



«  Brut de décoffrage » ces ensembles radieux, que des architectes, rêveurs, utopistes, nous ont construits, pour y vivre ensemble, une éternité, dans une parfaite harmonie. Leurs œuvres n'ont pas dépassé le siècle, que déjà on les détruit, pour faire plus grand, plus laid, plus illusoire… Bientôt, nous n'aurons même plus besoin de raser leurs futurs chefs-d'œuvre, ils seront auto destructibles et bien vite poussière…

«  Brut de décoffrage », ces quelques personnages, attachants, rencontrés de-ci, de-là, au hasard de ma vie professionnelle, que je me plais à peindre avec humour.

— Tu as, je trouve, la critique facile, toi qui les as côtoyés et qui, finalement, n'es qu'un des leurs… ne serais- tu pas, toi-même…, comment dire : «  Brut de décoffrage », pour reprendre ton expression ?

  • Oui, bien sûr, et je le revendique ! Mais voyez-vous,

l'art de construire évolue comme la mode, le nouveau fait  fureur, puis s'éteint. Qui se souvient encore de cette barque en béton, conçue dans les années 1850, l'une des premières utilisations du béton en « Brut de décoffrage »? Elle flottait bien entendu ; ce n'est pas seulement le béton qui a été coulé, mais l'idée de son utilisation dans la marine. Qui se souvient encore, à part les professionnels de ma génération, de son concepteur : Armand Considère, pourtant un enfant du pays ?


Auto-édition      Achat : sur commande chez l'auteur. Coût : 18 euros, frais de port inclus.

  

Ouvrages de Jean-Pierre Lutz